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Quotidien
29 Avril 2009
Par Muriel Jasor
Salariés cultivés,
entreprises florissantes
Quand les outils et les solutions formatés s essoufflent, un détour par l art ou les sciences humaines aide à repenser la complexité du monde et à doper la capacité
innovante des entreprises.
C
ulture commerciale, culture financière, culture du cash, culture d entreprise ou « corporate », le mot culture est décliné à tous les niveaux de l entreprise. Pour autant, qu a-t-il à voir avec la culture générale ? « Compte tenu du prestige qu on lui accorde, l entreprise décline ce mot à toutes les sauces », constate Mohed Altrad, PDG du groupe Altrad
(matériel d échafaudage, 2.805 personnes). « On aurait toutefois tort de penser que culture économique et culture générale sont étrangères l une à
l autre », poursuit ce patron, également auteur de quatre romans. La raison ?
Par temps de crise, quand tout le monde s appuie sur les mêmes techniques et des schémas de pensée similaires, la différence compétitive se joue sur la culture générale et l intelligence des situations. Du coup, multiplier les connaissances extra professionnelles rend plus intelligible la complexité d un marché, et donne le recul nécessaire pour appréhender des questions éthiques ou des relations sociales difficiles. Que la médiation passe par de classiques références historiques, littéraires, philosophiques, voire gastronomiques et Snologiques, ou bien par d autres - moins orthodoxes - comme la culture manga, la musique rock ou les séries télévisées américaines.
De toute évidence, les grands patrons français ne sont pas sur la même longueur d ondes que cette célèbre éditorialiste anglo-saxonne, qui estime
« plaisant » qu un dirigeant d entreprise soit cultivé, « dans la mesure où
on peut l avoir pour voisin de table lors d un dîner ». De Michel Pébereau
à Bertrand Collomb en passant par Anne Lauvergeon ou Denis Kessler,
nombre d entre eux accordent de l importance à la médiation de la culture pour mieux décrypter l environnement économique. Et ce n est pas l apanage des plus diplômés. Sans formation initiale spécifique, Serge Papin, le PDG
de Système U, cite désormais René Char dans ses interviews, et se délecte de la lecture des « Confessions » de saint-augustin. Pour son propre plaisir mais aussi pour mieux rivaliser avec Leclerc et son président sur diplômé.
Sortir du cadre professionnel
Bien évidemment, dans les milieux d affaires, priorité reste donnée à la valorisation des savoirs techniques, assortie d exigences de rentabilité rapide.
Mais puisque « les outils ne résolvent pas tout, et qu il est des situations pour